Premiers mots (Traduit de « First Words »)
«La poétesse Marlène Apollon, dans un style perfectionné dans le programme de Maîtrise en Rédaction Professionnelle, évoque les horreurs de sa jeunesse haïtienne d’une voix à la fois triste et indignée. C’était une histoire qu’elle avait aspiré à dire au monde, une histoire qui criait d’être racontée. »
C’est ce que Jan Nelson Lucas, Rédactrice en Chef de Recommended Reading, Faculté Towson University et d’un bulletin du personnel, dit de moi dans “Writes of Passage” (Towson, un magazine pour les anciens et les amis de l’Université Towson, Automne 1998, Volume 3, Numéro 1, p. 10) dans son introduction à son article basé sur l’entrevue que je lui ai accordée après la publication de I Want to Dance, Je veux Danser (American Literary Press, Baltimore 1996), mon deuxième livre de poésie, le premier en anglais.
Je l’avais d’abord dite dans Cris de Colère, Chants d’Espoir (CIDHICA, Canada, 1992) ma première publication, rééditée en 2007 que j’avais adressée à ma géné-ration comme un appel à se souvenir du passé, à guérir, s’unir, construire le pré-sent et planifier l’avenir.
Avec I Want to Dance, dédiée à la génération de nos en-fants «étrangers» nés partout où nous avons planté des racines «temporaires» en attendant de retour-ner chez nous, pour que notre passé ne devienne pas leur avenir» (Elie Wiesel); aux gens courageux qui ont risqué leur vie pour cacher les amis en danger; et à tous ceux de partout qui se sont sacrifiés pour que d’autres puissent jouir de la paix, la liberté et l’espoir, je voulais que mes enfants, les générations qui vien-draient après eux et le monde entier saisissent à travers mes descriptions vivantes et en relief, dans des poèmes comme «In the land of Dreams and of Lies, Au pays des rêves et des mensonges» (Si je n’avais que des regrets, p.23), «To a Lady Standing, Torch in Hand, A Une Dame Debout, Torche à la main» (Cris de colère, p. 29), ou «Guantanamo Boy», Petit Garçon de Guantanamo», pour-quoi ceux de nos générations ont dû quitter Haïti à partir des années 1960, ce qu’était la vie pour plusieurs de ces premiers immigrants puis, plus tard, pour ceux qu’on a nommé «Boat People».
Au pays des songes et des mensonges (Extrait)
Au pays des songes et des mensonges
La nuit, pas un chat ne rode
Et quand vient le matin
Les chauves-souris se métamorphosent
En cadavres de jeunes gens.
Au pays des songes et des mensonges
Le concert nocturne des crapauds et des cigales
A fait place à celui des pétarades et des rafales
Au pays des songes et des mensonges
L’on dort un œil ouvert, un œil fermé
Et le cœur battant, battant à éclater
Au pays des songes et des mensonges
Les mères ne chantent plus « Dodo, titit, krab nan kalalou »
Car les crabes mangent les petits enfants dans leur sommeil
Au pays des songes et des mensonges
Ce que les yeux voient, la bouche n’ose le raconter
Au pays des songes devenus mensonges
Et des mensonges devenus Vérité à force d’être répétés,
L’inimaginable est désormais l’ordinaire.
Au pays des songes devenus mensonges
Il n’y a de réel que la misère et la mort
Qui, lentement, étouffent l’espoir.
Et demain reste en veilleuse.
Si je n’avais que des Regrets p. 23 (Paris, St Germain des Prés, 1997)
* * *
En el pais de los sueños et las mentiras
En el país de los sueños y las mentiras,
El concierto nocturno de sapos y cigarras
Deja lugar al de tiros y ráfagas
En el país de los sueños y las mentiras,
Se duerme con un ojo cerrado y un ojo abierto
Y el corazón que late, late hasta estallar.
En el país de los sueños y las mentiras,
Las madres ya no cantan «Dodo, titit, krab nan kalalou»
Pues, hoy, los cangrejos comen a los niños
Que duermen.
En el país de los sueños y las mentiras,
Lo que los ojos ven
Lo que las orejas oyen
La boca no osa repetir.
En el país de los sueños vueltos mentira,
Y de las mentiras vueltas Verdad
A fuerza de ser repetidas,
Lo inimaginable se ha vuelto ordinario.
En el país de los sueños vueltos verdad,
Sólo son reales la miseria y la muerte
Quienes, lentamente, ahogan la esperanza
Que mañana queda a la espera.
Mais, surtout, je voulais partager avec eux la lutte courageuse du peuple haïtien avec ses hauts et ses bas in-cessants dans son cheminement de l’obscurité à l’espoir vers un avenir meilleur. Parce que, pour moi,
«Mon pays
Avec plus que sa dose de patience
De résilience et d’endurance
Mon pays n’est pas mort! »
Bien que j’avais écrit des essais et des récits à l’école graduée, j’ai trouvé que partager mon premier livre de poésie en anglais avec tant de gens d’autres cultures qui s’y retrouvaient ou la décrivait comme une puissante expérience ajoutait une dimension supplémentaire à ma voix d’écrivain. Ce sentiment est devenu encore plus intense quand les lecteurs se sont mis à traduire mes écrits en Anglais, Espagnol et même en Danois.
Je continue donc, passionnément, mots après précieux mots, à parler pour ceux «qui ne peuvent plus parler … pour que ma voix leur donne une voix » et pour tous les autres qui apprécient ce que je dis. Et je continuerai à le faire jusqu’au jour où j’aurai le loisir de ne parler que de Paix, d’Amour et de Beauté !
* * *
Marlène Rigaud Apollon a quitté son terre natale, Haïti, en 1964, comme la plupart des immigrés de sa génération, «pour ne jamais y retourner pour de bon». Ses écrits, en français, anglais et créole comprennent de la poésie, deux biographies, des essais et des livres pour enfants. Ils ont paru dans plusieurs journaux, magazines et anthologies. En plus des livres cités ci-dessus, elle a publié Haiti Trivia, Haiti Art Trivia, Pour l’amour d’un pays, et a édité et traduit Louis Mercier, A la Reconquête de l’Idéal Haiti, Une voix d’hier pour aujourd’hui et demain – Louis Mercier, To Reconquer the Haitian Ideal, A vioce from yesterday for today and tomorrow et La Mystique de la Citadelle-The Mystique of the Citadelle. Elle est une éditorialiste à Radio Solidarité (www.snaa.org – 1 712-432-6663)
Marlène Rigaud Apollon
www.marlenerigaudapollon.com
http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/apollon.html
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