«Trépidations d’un Cœur en Tumulte» – Maryse C. Elysée

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CANCER DE LA SOCIETE HAITIENNE: Le Zonzonnisme

Je manquerais à mes devoirs de citoyen si je m’arrêtais à lire cet article de Suze François paru sur le blog de Patricia Mellin sans penser à le disséminer. Avec la détermination sincère de voir Haïti sortir de son marasme routinier, une prise de conscience s’impose pour que nous changions notre attitude envers autrui d’épaule. Il faut réaliser qu’une petite minorité, quelque prospère qu’elle soit, ne saurait suffire à faire fonctionner une nation adéquatement. Le pays a besoin de la collaboration de TOUS ses fils pour grandir sainement.

A tous, je dis BONNE LECTURE et surtout PROFONDES REFLEXIONS!

CANCER DE LA SOCIETE HAITIENNE: Le Zonzonnisme

Au cours des années 90, j’ai côtoyé pas mal d’étrangers qui travaillaient en Haïti dans le cadre du rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays. Ces étrangers, en majeur partie blancs, ne cessaient de vanter la beauté des femmes haïtiennes. Pour eux, jamais ils n’avaient touché à des peaux aussi douces et belles. Ces femmes aux yeux noirs et aux lèvres charnues étaient ensorcelantes, me disaient-ils, et leurs courbes de femme bien galbées leur inspiraient l’amour. A les entendre, les femmes haïtiennes étaient tout simplement canons et sensuelles.

Un jour nous avons décidé de nous rencontrer dans un restaurant à Pétion Ville pour diner, et là j’ai eu la chance de faire la connaissance de quelques unes de ces déesses qui avaient tant impressionné mes amis étrangers. Mon Dieu, ce que j’ai été déçue ! Je n’arrivais pas à en croire mes yeux. Elles étaient toutes des zonzons.

Zonzon est une épithète Créole donnée aux filles (et non aux hommes) considérées comme laides, aux gouts vestimentaires peu recherchés, et dont les manières ne correspondent pas aux critères de la mentalité bourgeoise haïtienne. Les termes ‘kokorat’ et ‘grizon’ sont aussi des synonymes du mot zonzon mais mettent beaucoup plus l’accent sur la chevelure et laissent croire que les femmes aux cheveux courts ou tressés sont laides.

Sans être revenue de ma stupéfaction, nous nous sommes assis à une table au fond du restaurant et avons dicté au serveur nos commandes. L’atmosphère entre les filles et moi était très tendue et je me sentais très mal à l’aise en leur compagnie. Elles ne parlaient ni français, ni anglais et nous n’avions rien en commun. Le comble, leurs manières à table laissaient à désirer. Dans quoi me suis-je fourrée me demandai-je. Pourtant, mes amis étrangers paraissaient tout à fait à leur aise. Ils ont passé toute la soirée à parler tant bien que mal un dialecte franco-créole ou anglo-créole et moi j’essayais de garder le sourire et de jouer à la fille polie.

De retour chez moi, je ne cessais de penser à mes amis étrangers. A leurs yeux, ces femmes étaient des déesses mais pour moi elles n’étaient que des zonzons avec qui je ne voulais avoir aucune relation, voire les inclure au nombre de mes connaissances. Mais pourquoi cette énorme différence entre ces étrangers et moi? Pourquoi ce sentiment de gêne en compagnie de ces filles? Pourtant nous étions à peu près du même âge … Tant de questions qui me cassaient la tête et auxquelles je n’arrivais pas répondre. Tout s’est éclairci un samedi et j’ai crié comme Archimède, « eureka, eureka ! »

Le samedi à Port-au-Prince, j’aimais me rendre à Pétion Ville pour faire mes courses et m’acheter des livres ou des magazines à la librairie Astérix. Un jour, en sortant de la librairie, une fille qui achetait des fruits non loin de ma voiture a retenu mon attention. Elle était le portrait typique de ce que nous appelons kokorat. J’ai ouvert la portière de ma voiture et me suis assise derrière le volant sans la quitter des yeux. Elle était de taille moyenne et devrait faire 1m 60. Ses cheveux courts étaient coiffés en arrière et retenus par des pinces de couleur noir et un élastique rouge. Elle n’était ni mince ni maigre et portait une paire de jeans qui épousait ses courbes parfaites et ne laissait rien a l’imagination. Ses fesses étaient bien redondantes et n’avaient rien à envier à Beyonce. Sa camisole rouge moulante laissait entrevoir la naissance de petits seins très fermes et un ventre un peu arrondi. A voir la différence qui existait entre la couleur de son cou et celle de son visage, il était évident qu’elle utilisait un produit éclaircissant. Son visage démaquillé affichait des traits bien définis. Franchement, elle n’était pas d’une grande beauté mais elle était loin d’être vilaine.

Cette fille qui se tenait devant la marchande de fruit devait avoir environ 24 ans. A mon avis, elle était beaucoup plus jolie que nombre de mes connaissances. Rien qu’à la voir, j’ai su que nous n’étions pas de la même classe sociale.

Il lui manquait l’éducation, la formation, et un je-ne-sais-quoi que seul les Haïtiens du terroir peuvent discerner. Soudainement, j’étais envahie par une vague de questions. Pourquoi ai-je ce sentiment de supériorité vis-à-vis d’elle? Pourquoi ai-je tant d’atouts en main et elle si peu? Pourquoi la société haïtienne m’a-t-elle appris à mépriser les pauvres et les faibles? Pourquoi les femmes à la peau d’ébène sont souvent perçues comme inférieures a la mulâtresse, grimelle, et griffe dans un pays ou plus de 90% de la population est de couleur noire. Pourquoi à l’école, sans savoir pourquoi, les filles à peau claire et de parents aisés ont toujours été les favorites des professeurs et des religieuses qu’elles soient brillantes ou pas. Pourquoi ne qualifie-t-on jamais une mulâtresse de zonzon même si elle est peu belle physiquement, dépourvue de bonnes manières et de goût vestimentaire ? Pourquoi …? Pourquoi tant d’acharnement et de négativité à l’égard des enfants de ‘Soyèt?’ J’ai découvert que la pauvreté est un sujet bien délicat et complexe. Beaucoup d’entre nous ont opté d’ignorer l’existence de cette réalité dans notre pays, car admettre qu’elle existe voudrait aussi dire que nous devrions chercher un remède a ce mal qui ronge Haïti. Par conséquent, nous choisissons la solution la plus facile celle de condamner le pauvre au lieu de condamner le système qui le produit. Nous disons ‘ah! Li se yon zonzon,’ ‘li se yon kokorat,’ ‘Li se yon malerez.’ Pourtant, si nous voulons être francs, les étiquettes péjoratives et discriminatoires n’ont jamais aidé à résoudre les maux de notre pays. Au contraire, elles se transforment en cancers qui ensuite se métastasent à tous les niveaux de notre société. Tout ceci n’est pas pour pointer du doigt la classe favorisée et les gens à peau claire d’Haïti. Qu’on soit riche ou pauvre, brun ou mulâtre nous sommes tous des Haïtiens. Si nous voulons reconstruire Haïti, nous devons crever les abcès qui rongent notre pays et nous débarrasser de nos mentalités erronées. Il est temps de nous dépouiller des complexes de supériorité et du snobisme qui nous empêchent d’avancer et de tendre la main a ceux qui ont tant besoin de nous. Il est tant que nous comprenions que faire partie de la classe favorisée en Haïti est une exception et non pas une généralité. Vous et moi qui avions eu la chance de recevoir une éducation scolaire et universitaire solide et d’évoluer dans un milieu social propice à l’épanouissement et le développement individuel avons un devoir envers ceux qui n’ont pas eu ces privilèges. Celui de les relever et non de les rabaisser; de les aider et non pas de les mépriser.

Dans un pays où l’état est en dérive, où il n’y a aucun système de bien être social, où le chômage fait ravage, comment ose-t-on? Et comment osais-je traiter nos femmes et nos filles de la classe défavorisée de zonzon, korarat, et grizon. C’est vrai qu’elles ne répondent pas aux critères de beauté Européenne, c’est vrai qu’elles ne maitrisent pas la langue de Voltaire; c’est encore vrai qu’elles ne connaissent pas les règles de bienséance. Mais est-ce vraiment leur faute? Devrions-nous augmenter leurs misères en les stigmatisant et les marginaliser encore plus? La pauvrete n’était-elle pas déjà une lourde croix à porter? De plus, depuis quand les Européens avaient l’exclusivité en matière de beauté? Noussommes un peuple dont la culture est aussi Française qu’Africaine. De ce fait, mépriser ce qui est de l’Afrique serait aussi mépriser qui nous sommes, car il n’y aurait pas d’Haïtiens (comme nous les connaissons aujourd’hui) sans la Traite des Noirs. Cette hybridité qui fait partie de notre identité de peuple est une force culturelle qui demande à être exploitée et une richesse à protéger.

Il m’a fallu des étrangers blancs pour apprécier la beauté des différentes femmes de mon pays. Par moment, mes préjuges voudraient reprendre le dessus et altérer ma vision, mais je les domine par les forces de la connaissance. Aujourd’hui ous sommes à un tournant de notre vie de peuple où, pour vivre et développer notre pays, nous devons éradiquer les cancers qui rongent notre société. Alors, embrassons la diversité de notre culture, embrassons la diversité démographique de notre pays, embrassons l’Haïtien!

par Suze François, Fayetteville, Arkansas

The buzz

June 2012:

Mi Espejo (French)
(Claude Sainnécharles partage, avec beaucoup de plaisir, l’illustration réalisée par Marlen Guérin, aquarelliste-illustratrice canadienne, pour la traduction du recueil de poésie Los espejos del tiempo (Les Miroirs du temps)

On peut être un homme sans être un savant
(Paroles prononcées par Gotson Pierre le 2 juin 2012 au Parc du Souvenir lors des funérailles de son père Pressage)

So Spoke the Earth: An Anthology

***

May 2012:

Face à face à Vassar (French)
(Michèle Voltaire Marcelin, auteur invitée, a fait une lecture-spectacle de “La Désenchantée” à Vassar cet Avril 2012.)

Rodney Saint-Eloi, l’éditeur haïtien aux mille identités (French)
(Article de Valérie Marin La Meslée, véritable portrait de Rodney Saint-Éloi)

Haiti- Taino petroglyphs and pictographs (English)
(One of the most fascinating and at-risk aspects of Haitian caves are the hundreds of Taino pictographs and petroglyphs that can be found throughout the country.)

Lancement de “L’Aménagement Linguistique en Haïti” (French)
(Publication des Éditions du CIDIHCA)

Cinq auteurs en lice pour le Prix littéraire de la Fondation Prince de Monaco (French)
(Franketienne, Alain Mabanckou, Victor-Lévy Beaulieu, René de Ceccatty et Jean-Paul Kauffmann ont été sélectionnés pour le Prix littéraire de la Fondation Prince Pierre de Monaco qui sera décerné le 2 octobre dans la Principauté.)

A CNN Hero (English)
(Recognized as a 2012 CNN Hero: Malya Villard-Appolon, co-founder of KOFAVIV, and a stunningly persistent and effective advocate for poor women in Haiti who are victims of sexual assault.)

Tan Lontan (French)
(Photos de la Collection CIDICHA)


Face à face à Vassar

Envoyé par Frantz Voltaire

Michèle Voltaire Marcelin, auteur invitée, a fait une lecture-spectacle de “La Désenchantée” à Vassar cet Avril 2012.

Le professeur Sophie Marinez qui y enseigne le cours d’Introduction à la Littérature Française a inclut le texte dans son syllabus ce printemps.

Le cours analyse “L’écriture du moi” et les textes choisis sont de Montaigne, Rousseau, Marguerite Duras et Michèle Voltaire Marcelin.

Pour l’auteur, au plaisir de rencontrer les élèves s’est ajouté celui de partager son expérience face à l’écriture dans un salon littéraire.

“La Désenchantée” met en scène le monde quotidien de l’enfance et de ses secrets dans le Port-au-Prince de Duvalier.

Dans une prose lyrique où les sens, les couleurs, les saveurs se déploient, l’auteur retrace le chemin de vie de la narratrice; un parcours revu d’un œil lucide où un détail peut faire basculer dans le trouble les personnages qui perdent ainsi leur innocence.

Pour cette lecture, Voltaire Marcelin s’est entourée d’un rayonnement identitaire: photographies anciennes, bougies, fleurs, parfums; objets qui ont nourri et inspiré le texte.

La photographie qui déclenche les souvenirs: la photo d’une mère si belle “que les hommes tournoyaient autour d’elle comme des insectes autour d’une lampe.”

“La Désenchantée” publié par Cidihca (Canada) en 2005 est traduit en espagnol comme “La Desencantada”. Michèle Voltaire Marcelin est également l’auteur de deux autres volumes de poésie: “Amours et Bagatelles” et “Lost and Found”. Les textes sont disponibles sur Amazon.com

Michèle Voltaire Marcelin, poète, peintre et comédienne a vécu en Haïti, au Chili et aux Etats-Unis.


Photos: Lancement de “L’Aménagement Linguistique en Haïti”

“L’Aménagement Linguistique en Haïti” est une publication des Éditions du CIDIHCA.

Cet ouvrage collectif, dont la lecture est aisée, est un livre de référence majeur sur la problématique linguistique haïtienne qu’il traite avec rigueur et hauteur de vues. Doté d’une vaste documentation et d’un appareillage théorique et critique de premier plan, il a été rédigé par quatre linguistes, tous spécialistes des questions traitées. Ce livre, de plus, est fort à propos présenté et soutenu par des spécialistes de l’aménagement, de l’histoire et de la jurilinguistique. Les analyses et diagnostics consignés dans cet ouvrage donnent lieu à des propositions appelées à faire consensus, à l’échelle nationale, dans l’incontournable reconstruction d’Haïti.

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Marie-Ketsia Theodore-Pharel: Poetry

The words
Like mother’s milk
drip into my mind’s mouth
to comfort, to nurture.

At first they are simple–even tasteless
with a sweet fattiness
made for me.

Returning each time
blow after blow
to where it all started.

Underneath the warm flow
Of words, the world
is new again.

***

Marie Ketsia Theodore-Pharel is the author of the following picture book titles: I’ll Fly Away, A Fish Called Tanga, Keeper of the Sky, Daughter of the House, and One More Daughter, America. She is the author of Haiti: a Cigarette Burning at Both Ends in Butterfly Ways: Voices from the Haitian Dyaspora in the United States edited by Edwidge Danticat. Her short stories have appeared in the following literary magazines: Compost, African Homefront, Onyx, and Watermark. She was born in Port au Prince, Haiti in 1974. She moved to Boston at the age of ten where she was educated. She has a B.A. from Tufts University and a M.A. from the University of Massachusetts. She lives in Homestead, FL with her husband and daughter.


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